En réponse à un commentaire d'un internaute qui reprend des questions souvent posées sur Ron Paul, sa popularité sur Internet et ses chances réelles aux prochaines primaires voici quelques éléments de réponse et de réflexion :
Internet
La surreprésentation de Ron Paul sur Internet par rapport à la réalité de sa popularité dans le pays serait liée à 2 facteurs principaux :
Internet s’est retrouvé au centre de la campagne de Ron Paul d’abord parce que c’était le seul espace de liberté où ses supporteurs pouvaient s'informer et participer à sa campagne. C’est une réaction naturelle au boycott par les grands médias. Cet outil était le seul disponible pour pallier cette carence d'information.
D’autre part, son message politique basé sur la liberté et la paix a surtout reçu un accueil favorable dans un premier temps auprès d’un public jeune, donc habitué d’Internet, amplifiant le phénomène.
Un mot d’ailleurs pour rectifier un contresens fréquent de ce cas d’école en marketing politique : L’explosion de Ron Paul sur Internet n’est pas due à une utilisation particulièrement « intelligente » de ce média par Ron Paul et son équipe de campagne. Ce sont les internautes qui ont utilisé Internet pour Ron Paul et pas l'inverse. L’intelligence réelle de Ron Paul dans cette explosion a été de laisser-faire, restant en cela fidèle à son message politique de liberté et de décentralisation. Il a résisté à la tentation de récupérer ces activités pour les contrôler.
Les Primaires
Les primaires sont une question complexe.
Premièrement la situation de Ron Paul aujourd’hui est différente de celle d’il y a seulement 3 mois. Les « money bombs » ont eu des répercussions dans l’électorat. Il a doublé son score dans les sondages officiels nationaux en passant de 3 à 6%. Ce qui reste faible mais une tendance encourageante. De plus ces sondages sont discutables (voir notre article) au moins à quelques points près.
Concernant les Straw Polls de l’automne, les résultats de Ron Paul ont souvent dépassé les 10%. Voir ce récapitulatif des résultats, attention néanmoins à une lecture trop optimiste de ces résultats: le tableau présenté sur le site officiel de la campagne n’est pas pondéré par le nombre des participants – Le Straw Poll en Iowa à 9% était probablement l’un des plus représentatifs, mais c’était en juillet et la situation a considérablement évolué depuis. Cela dit 9% en juillet c’est déjà bien différent des 3% officiels dans les sondages de l’époque…
Ensuite dans un système ouvert, transparent et étant donné le fait que les supporteurs de Ron Paul sont par nature nombreux (58 000 donateurs dimanche!) et motivés on pourrait s’attendre aujourd’hui à des scores intéressants bien au-delà des sondages nationaux. Il faut à ce stade des élections bien comprendre que ceux qui votent aux primaires sont une catégorie bien informée de la population, donc plus susceptible de voter pour Ron Paul. Ensuite, Ron Paul étant le seul candidat anti-guerre (Irak), il devrait en principe attirer à lui un certain nombre d’électeurs sur ce seul thème, et c’est un gros avantage de représenter à lui seul cette tendance dans le camp républicain.
Le gros écueil des primaires dans le cas de Ron Paul réside dans le fait que ce système n’est pas ouvert, et a été sciemment manipulé pour éviter l’émergence d’un candidat anti-système. Des conditions plus ou moins restrictives selon les états ont été instaurées pour pouvoir réserver le droit de vote à des membres traditionnels du parti, et éviter des inscriptions en masse de nouveaux électeurs pour les primaires. Ainsi par exemple au Texas, l’état de Ron Paul, le GOP a limité le droit de votes aux personnes ayant déjà votés les années précédentes comme délégués lors des conventions du parti. Cela revient à exclure de fait les nouveaux électeurs…
Calendrier des primaires (janvier) :
3 janvier : Iowa
8 janvier : New Hampshire
19 janvier : Caroline du Nord & Nevada
5 fevrier : 20 Etats, c'est le "Giga Tuesday"!
Voilà ce que l’on peut dire de la situation en essayant de ne pas être (trop) partisan. Et maintenant « Go Ron ! ».